Les différents types de constats d’huissier et leurs implications légales en France

Par Hélène, le 23 janvier 2024 — 6 minutes de lecture
Un huissier en costume formel est concentré sur la lecture d'un document dans un bureau professionnel éclairé par la lumière naturelle. L'environnement est bien organisé, avec un téléphone, des papiers, une lampe de bureau, une tasse, et des tableaux informatifs accrochés au mur rose

Les conflits de voisinage, les litiges immobiliers ou encore les contentieux sur internet ont un point commun : ils nécessitent fréquemment l’intervention d’un huissier de justice pour constater objectivement les faits.

Mais que recouvre exactement la notion de constat d’huissier ? Derrière cette appellation générique se cache en réalité une palette d’actes aux finalités bien distinctes, dont la valeur probatoire est consacrée par la loi. Faisons donc le tour des différents types de constats et de leurs implications dans le cadre légal français.

Qu’est-ce que concrètement un constat d’huissier ?

Instrument d’objectivation par excellence, le constat d’huissier est un compte-rendu rédigé par un officier ministériel assermenté et impartial qui fait autorité devant un tribunal.

Les constats sont authentifiés par l’huissier et font foi devant les tribunaux et cours d’appel. Ils apportent un éclairage objectif sur une situation litigieuse. La jurisprudence reconnaît ainsi fréquemment leur force probante, d’autant qu’ils sont rédigés par des professionnels indépendants, suivant une procédure formalisée.

Néanmoins, les juges restent souverains dans leur appréciation des preuves. Un constat ne lie pas nécessairement leur conviction et peut être contredit par d’autres éléments du dossier ou par des constats contraires.

Les constats de voisinage : piliers des litiges immobiliers

Le constat de voisinage est l’un des plus courants. Réalisé par un huissier à la demande d’un riverain, il vise à rapporter une nuisance sonore, olfactive, visuelle ou toute autre forme de trouble anormal du voisinage.

S’il établit le caractère excessif du désagrément, le constat place le plaignant en position de force pour engager des poursuites civiles ou pénales contre l’auteur des troubles. Photos, enregistrements ou témoignages à l’appui, il prouve le préjudice subi et les juges apprécieront ses constatations objectives.

Le constat peut aussi concerner l’état intérieur d’un logement, pour constater par l’intermédiaire d’un constat d’huissier, par exemple, une humidité, des infiltrations ou la présence de nuisibles. Il a alors vocation à engager la responsabilité du bailleur, que ce soit à l’amiable ou devant le juge.

En pratique, l’huissier requis se rend sur place pour réaliser un procès-verbal circonstancié. Ce dernier comporte une description écrite, des photos, des analyses ou des mesures complémentaires. Chacun de ces éléments sera daté et signé pour maximiser la portée probatoire.

L’essor des constats sur internet

Avec le développement d’internet, les constats d’huissier investissent désormais la Toile. Ils permettent de dater et d’archiver des contenus publiés en ligne comme les commentaires injurieux, les atteintes à l’image, les contrefaçons, etc.

Conservant une trace objective, l’acte facilite ainsi les poursuites civiles ou pénales pour diffamation, harcèlement ou violation du droit d’auteur. Il peut aussi servir à caractériser un harcèlement moral ou sexuel sur les réseaux sociaux.

Grâce aux captures d’écran horodatées, les propos litigieux sont fixés à une date certaine. Cette précaution permet d’établir leur antériorité sur des faits ultérieurs et de prouver le lien de causalité en vue d’obtenir réparation.

L’archivage des contenus par l’huissier est d’autant plus crucial que les supports numériques sont volatiles. Ainsi, les constats pallient le risque de disparition des preuves et guident les enquêteurs dans leurs investigations.

Les constats de travaux : indispensables en cas de litige

Récurrents dans le secteur du BTP, les constats de travaux sont requis aussi bien pendant le chantier qu’à sa réception. Avec des cas comme la non-conformité, les malfaçons ou le retard, ils capturent les manquements des entreprises.

Ces actes permettent de faire constater les défauts de réalisation et servent ainsi de preuves en cas de contentieux ultérieur, qu’il s’agisse d’une action en responsabilité contractuelle ou d’un litige avec les assurances.

Ils peuvent aussi intervenir en amont, pour constater l’état apparent des lieux avant intervention. Grâce à des photos et mesures, l’huissier dresse un état zéro protecteur pour le maître d’ouvrage qui évitera les contestations.

Autres types pertinents

Outre ces usages courants, les constats d’huissier présentent une remarquable pluralité d’applications. Ils peuvent ainsi acter une inexécution de contrat, un abandon de poste ou une grève illégale. Ils peuvent même authentifier l’état des lieux lors de la restitution d’un bien immobilier ou constater la rupture de stock d’une enseigne commerciale.

Les officiers ministériels peuvent aussi intervenir en matière de contrefaçon de marque, de procès-verbaux d’assemblées générales de copropriété ou même de perturbation de transactions boursières. Bref, tout litige est susceptible de donner matière à constat.

Procédure de réalisation d’un constat

L’huissier convoque les parties intéressées auprès des lieux ou objets à constater. Il peut procéder à des constats visuels, sonores ou olfactifs, prendre des mesures, réaliser des enregistrements et rassembler des témoignages écrits.

Chaque procès-verbal est unique. Tandis que certains nécessitent des opérations complexes ou un long travail d’investigation, d’autres sont exécutés en quelques minutes. Mais dans tous les cas, l’huissier authentifie ses constatations.

Une fois finalisé, l’original du constat est conservé au siège de l’office et la copie est remise à son auteur. Le respect de cette procédure est garant de la valeur probante reconnue par les tribunaux.

Implications légales des constats

Une fois l’acte dressé, l’auteur dispose en général de cinq ans pour engager un recours devant la juridiction compétente selon les cas : civile, pénale ou administrative.

Le constat peut aussi simplement rester en stand-by, pour servir ultérieurement de preuve en cas d’aggravation de la situation. Son existence peut même parfois suffire à faire cesser le trouble constaté.

Lorsqu’une action en justice est engagée, l’huissier pourra être amené à venir expliciter son constat devant le juge, voire à réaliser un nouvel acte pour mettre à jour ses précédentes constatations.

Conclusion : des outils juridiques efficaces

Ce n’est plus à démontrer : les constats d’huissier sont essentiels pour caractériser des préjudices et engager des actions contentieuses ! Ce sont des alliés précieux face aux litiges du quotidien. Leur diversité témoigne de l’étendue des missions confiées à ces officiers ministériels garants des droits. Pour faire appel au bon professionnel, vous devrez tenir compte de leur compétence, des avis d’anciens clients et de leur sens du professionnalisme.

Hélène

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